Marram
Data City Resort
L'ascension et la chute du Marram Data City Resort
À une époque caractérisée par des avancées et des ruptures technologiques rapides, l’essor des villes intelligentes s’impose aujourd’hui pour plusieurs comme un modèle phare pour l’avenir. La ville intelligente, ou « smart cities », est une ville qui intègre des infrastructures, des équipements et des technologies de pointe, tels que censeurs, caméras de surveillance, objects connectés (IoT), dans une approche stratégique de pilotage de la ville, de durabilité et d’efficacité, et qui vise ainsi, également à enrichir la vie urbaine avec des solutions technologiques innovantes.
Dès les débuts de sa construction, la ville de Marram fut saluée comme une expérience majeure dans ce paysage émergent. Elle promettait une nouvelle ère de vie avancée, connectée et intégrée. Marram incarnait également l’apogée de la vie luxueuse où le confort rencontre la durabilité.
Construite à partir de zéro et émergeant d’un emplacement isolé et vierge, Marram avait été méticuleusement conçue pour former une ville indépendante et autarcique. Étant également perchée à une altitude élevée, elle offrait non seulement sérénité et sécurité accrue, mais dévoilait du fait même, des vues à couper le souffle sur l’étendue de mer glacée qui s’étendait au loin.
Le complexe urbain était une merveille architecturale dotée d’équipements hautement sophistiqués, d’une conception durable, qui minimisait l’impact environnemental. La ville était conçue pour être un havre de luxe, équipé d’une multitude de commodités et d’installations de loisirs variées.
L’une des caractéristiques les plus remarquables de Marram était le Data City Resort-OA6, un complexe d’habitation et d’hôtellerie intelligent et autosuffisant, qui fonctionnait à la fois comme un centre de villégiature et comme centre d’alimentation. Ce dernier était alimenté par des sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire, éolienne et géothermique, démontrant là aussi un engagement envers des pratiques durables.
Sous le cœur du complexe se trouvait un centre de données massif et futuriste. Abrité sous l’eau et refroidi par un grand étang artificiel, ce centre de données représentait un bond en avant en matière de traitement de l’information, d’efficacité énergétique, et de sécurité. Il avait été conçu pour être l’un des plus avancés au monde, avec de vastes banques de serveurs et un système de stockage capables de traiter d’énormes quantités de données en temps réel. L’intégration de techniques de refroidissement innovantes avait considérablement réduit son empreinte carbone, illustrant que la responsabilité environnementale et l’infrastructure de haute technologie pouvaient coexister.
Les premiers mois de fonctionnement de la ville furent très réussis. Sa consommation d’énergie était inférieure aux prévisions, l’empreinte carbone de la ville était déjà quasi neutre, et les résidents de la ville bénéficiaient d’un niveau de vie élevé. Cependant, malgré ses avancées technologiques, Marram fut malheureusement victime d’une faiblesse qui peut toucher toutes les villes intelligentes : la cybersécurité. Le projet ayant fait grandement parlé de lui, la ville expérimentale était devenue, du même coup, une cible alléchante pour les pirates informatiques. Aussi, ce n’est qu’un an après sa mise en chantier et l’arrivée des premiers habitants, qu’un premier groupe de cybercriminels réussirent a infiltré les systèmes contrôlés par l’IA de la ville, provoquant chaos et perturbations à grande échelle.
Marram disposait d’un système de sécurité impressionnant, avec plusieurs couches de protection pour empêcher tout accès non autorisé. Cependant, les pirates réussirent malgré tout à contourner ces dernières en exploitant une vulnérabilité du système de climatisation. Cette faille leur donna alors accès au système de contrôle de la température, ce qui leur permit de manipuler les réglages de température dans les appartements individuels. Dans certaines pièces des appartements, ils abaissèrent la température jusqu’en dessous de zéro, ce qui fit éclater les tuyaux et inonda les étages, et dans d’autres pièces, ils augmentèrent au contraire la température à un niveau insupportable, provoquant même des coups de chaleur chez certaines personnes vulnérables.
La situation continua de s’aggraver tandis que les pirates augmentaient toujours davantage leur demande d’électricité afin d’alimenter le système de climatisation défaillant. La demande d’énergie intensive et continue entraîna alors une augmentation imprévue de la consommation totale d’énergie du système de gestion centralisé de l’électricité de la ville entière. Ce dernier n’était pas conçu pour faire face à une augmentation aussi élevée, abrupte et soudaine de la demande.
Pire encore, les pirates découvrirent rapidement d’autres vulnérabilités dans les programmes de commande de ce système spécifique, et lancèrent des attaques coordonnées sur tous les fronts. Ils réussirent ainsi à prendre également le contrôle de plusieurs systèmes de gestion des services, provoquant des pannes généralisées et des perturbations dans presque tous les services de la ville. En l’espace de quelques heures, Marram, la ville rêvée, était devenue un cauchemar. Les résidents souffraient de températures extrêmes, de pannes de courant et de multiples interruptions de services, et les opérateurs étaient incapables d’apporter un quelconque soulagement.
Malgré les meilleurs efforts des administrateurs de la ville, le retour aux opérations normales fut long et difficile à rétablir, et les retombées de cet événement furent bien sûr désastreuses. Avec une sécurité compromise, des dommages importants aux infrastructures, des résidents vivant dans la peur et l’inconfort, et la réputation de Marram sévèrement entachée, un exode rapide des résidents se déclencha presque aussitôt, et augmenta encore davantage, l’inquiétude croissante chez les investisseurs. Cet exode massif provoqua en effet de lourdes pertes financières pour les promoteurs, et le désinvestissement de plusieurs actionnaires importants du projet.
Ceci s’ajoutant aux problèmes déjà existants, tels les retards de construction pour terminer les infrastructures de la ville, les dépassements de coûts, et la mauvaise gestion des entrepreneurs, la situation désastreuse dans laquelle se trouvait la ville de Marram, aboutie finalement à la faillite complète du projet. Marram, autrefois si prometteuse, gît aujourd’hui, incomplète et délabrée. Une ville fantôme aux infrastructures à moitié terminées et aux immeubles intelligents déserts.
Cependant, cette situation représente peut-être, désormais, une opportunité intéressante, car ce qu’il reste du Marram Data City Resort est désormais en vente à un prix symbolique d’un dollar. En effet, les jeunes ruines de Marram font désormais partie d’un programme international visant à encourager la revitalisation de petites villes et de communautés négligées ou abandonnées à travers le monde.
Ainsi, combiné à la pensée créative et à l’implication de communautés et d’individus dévoués, ce programme pourrait devenir le catalyseur permettant de donner un second souffle à Marram, en permettant son réaménagement, la revitalisation du site, et le rajeunissement des bâtiments abandonnés et des zones en chantier. Ce passage d’une ville intelligente déchue à une ville revitalisée n’attend plus maintenant que des individus visionnaires qui reconnaissent le potentiel inexploité du projet Marram. Serez-vous partie prenante de cette nouvelle aventure ?